Fred Vargas
Sous les vents de Neptune

La chaudière est en panne plongeant la brigade dans un flot de lamentations incessantes. Le froid est pesant. Les investigations ralentissent. Le commissaire Jean-Baptiste Adamsberg se retrouve en face-à-face avec la machine défaillante, cherchant à comprendre ce qui cloche dans un silence bienfaisant. Rien n’y fait, la machine refuse obstinément de s’animer, laissant Adamsberg perdu dans ses pensées.

Tout commence alors avec un journal feuilleté distraitement, suivi d’un malaise intense et soudain qui ébranle Adamsberg violemment. Des peurs lointaines remontent à la surface. Le Juge Fulgence aurait-il encore frappé ? Le besoin impérieux de démêler les mystères du passé et de retrouver son frère acculé lui apparaît à nouveau comme une évidence. Cependant ses collègues ne le prennent pas vraiment au sérieux : « Vous rendez-vous compte que vous êtes en train de me dire froidement que vous avez perdu l’esprit ? « Votre ego n’est pas grand comme la table, mais comme la cathédrale de Strasbourg. »

La cathédrale, une obsession récurrente dans l’esprit d’Adamsberg, prend une place centrale dans l’enquête, ses fenêtres regorgeant de dragons issus des contes, du monstre du Loch Ness, du poisson du lac Pink, de crapauds et de lamproies, transformant ainsi l’édifice « en un véritable vivier ».

En mission au Québec, Adamsberg est engagé dans une nouvelle affaire, mais malgré tous ses efforts, il reste obsédé par l’homme puissant qui armé de son trident est la source de ses tourments. « Délaissés de l’autre côté de l’Altantique, les tridents, les crapauds, les juges, les cathédrales et le grenier de Barbe-Bleue. Délaissés mais l’attendant, surveillant son retour. » Que ce soit ici ou ailleurs, Adamsberg recherche la solitude, et les rives de l’Outaouais offrent un refuge propice à ses déambulations. Adamsberg s’appuye sur les femmes et les hommes qui l’entourent, ainsi que sur leur loyauté, pour mener à bien sa quête effrénée.

“La beauté changeante d’Adamsberg émergeait comme une miraculée de ses traits chaotiques.” Son esprit est tortueux, son raisonnement parfois énigmatique. Sa quête de solitude est souvent interprétée comme de l’indifférence. Pourtant, Adamsberg se soucie des autres, malgré les apparences. Les rencontres sont surprenantes et les retrouvailles perturbantes. La poursuite est palpitante, les interrogations incessantes, les désaccords inévitables. La vérité, troublante, se dévoile progressivement.

Sous les vents de Neptune de Fred Vargas, Editions Viviane Hamy, 442 pages.