Jean Hegland
Apaiser nos tempêtes

Anna et Cerise sont de jeunes femmes à l’aube de l’âge adulte. Parce que la vie n’est pas toujours rose, qu’elle est même parfois compliquée, qu’on peut se sentir paumée, parfois même mal-aimée, elles se retrouvent par accident enceintes de leur premier enfant.

Anna décide de se faire avorter.

“En ayant un bébé, elle perdrait tout ce qu’elle était et tout ce qu’elle voulait devenir, tout ce qu’elle espérait faire de sa vie et tout ce qu’elle espérait créer.”

Cerise, elle, décide de garder le bébé.

“Une émotion si forte l’étreignit qu’elle se mit à pleurer, mais quand elle y chercha de la tristesse, le seul regret qu’elle fut capable de trouver était celui de ne pas avoir su plus tôt à quel point c’était si merveilleux, d’avoir un bébé.”

A partir de ce moment, la vie d’Anna et de Cerise, se voit bouleversée. Accompagnée par la bienveillance de ses parents, Anna cherche l’inspiration. Elle veut être une grande photographe, ce qu’elle va devenir. Dans la maison de sa grand-mère, elle partage sa vie avec Eliot et met au monde deux petites filles : Lucy puis Ellen. Des périodes de doutes la traversent : est-ce possible “à la fois d’enseigner, d’être mère et de prendre des photos ?”. Difficile de laisser de côté les petits et les gros soucis, de trouver le sujet à photographier, la lumière idéale, l’émotion qui l’assaille. Leur déménagement en Californie l’ébranle davantage.

De son côté, Cerise s’échappe de la maison familiale oppressante et construit sa vie autour de sa fille Melody. Son travail à la maison de retraite n’est pas pleinement satisfaisant mais le temps passé avec Melody lui est incomparable : des petits déjeuner gargantuesques, de longues heures passées à se brosser et dessiner, beaucoup d’amour. Et Melody grandit, s’éloigne petit à petit. Cerise rencontre un homme qui lui fait croire que la vie peu être à nouveau douce et sucrée. Cette fois, elle met au monde un garçon, Travis. Mais Jake n’est clairement pas l’homme de la situation, l’argent vient à manquer et elle doit déménager. Peu de temps après sa vie bascule. Le néant s’ouvre devant elle, elle s’y engouffre.

Un jour, presque par hasard, dans une école, par l’intermédiaire de Lucy, Anna et Cerise se rencontrent. Et ça c’est le début d’une nouvelle, belle, improbable histoire. Qui prend aux tripes, qui bouleverse. Une histoire de femmes, de mères, de tempêtes, d’apaisement.

Apaiser nos tempêtes de Jean Heglang, aux Editions Phébus, 556 pages.