Ito Ogawa
La papeterie Tsubaki

Hatoko habite seule une vieille maison traditionnelle à Kamakura. Ses journées sont rythmées par les rituels, les saisons et les horaires d’ouverture de la papeterie Tsubaki.

“Sur la vieille porte à deux battants vitrés en haut figurent les mots Papeterie à gauche et Tsubaki à droite. Tsubaki, comme le grand camélia du japon qui se dresse à l’entrée, véritable sentinelle chargée de protéger la maison.”

Hatoko a été élevée par sa grand-mère qu’elle a toujours appelée l’Aînée. Jour après après jour, avec rigueur et dans une certaine austérité, elle lui a appris la calligraphie et la voilà maintenant, comme sa grand-mère l’a été, écrivain public et calligraphe. Hatoko a beaucoup travaillé mais elle aussi a un don, la faculté de momentanément devenir quelqu’un d’autre pour trouver les mots justes et écrire avec son coeur.

Ainsi au fil des saisons, elle écrit pour les gens des cartes de voeux, un joli mot de condoléance en hommage à un singe adopté, une lettre en souvenir d’un tendre amour passé, une déclaration de divorce teintée d’un sentiment d’accomplissement après une belle vie commune, des lettres de rupture quand parfois il est trop dur de rester près de ceux qu’on a aimé ou côtoyé de près, une lettre d’amour de l’eau-delà pour apaiser les esprits tourmentés et des petits mots colorés à son amie QP.

L’art de l’écrivain ne réside pas uniquement dans le soin de l’écriture, mais aussi dans le choix des mots, l’adéquation entre le message et la qualité du papier, des timbres, de la plume, du stylo, de l’encre utilisée, l’utilisation de formules de politesse adaptées. Tous les mots sont choisis avec minutie et empreints d’un subtil mélange de sympathie, de délicatesse, de gratitude, de douceur ou de bienveillance en fonction des circonstances.

On découvre aussi avec Hatoko les odeurs, les saveurs, la spontanéité et la fraîcheur de l’amitié. On partage son émerveillement devant les choses simples du quotidien, l’étonnement d’apprendre d’où on vient et les doux sentiments qui l’animent simplement.

Quelque peu dérouté au départ par cet art qu’est la calligraphie (suis-je à la hauteur ?), on se retrouve vite embraquée dans cette jolie histoire. C’est doux, léger et poétique.

La papeterie Tsubaki de Ito Ogawa, aux Editions Picquiers, 384 pages.