Anne Pauly
Avant que j’oublie

Anne vient de perdre son père. La douleur est bien là, lancinante. Le nez dans les formalités, l’enterrement à préparer, elle ne réalise pas encore vraiment. La maladie de ses griffes acérées a pris son temps. Et pourtant, tout est allé trop vite. On n’est jamais prêt à vivre ça, à vivre sans. Elle se rappelle un père souvent absent, violent, alcoolique, négligent, horripilant. Mais attentionné aussi. ” A de nombreuses occasions, nous aurions nettement préféré avoir son avis plutôt que son soutien, des mots plutôt que de l’argent… Prends-le, t’es pas obligée de le dépenser. Sois économe, prudente et surtout éteins bien ton gaz”.  Au delà de l’absurdité de certaines situations (son frère qui insulte le personnel du funérarium, le curé qui bafouille et s’endort à l’enterrement), elle choisit de passer outre, de ne pas être en colère, de vivre cet après en harmonie avec lui. Surtout elle prend bien le temps de se remplir d’amour, de souvenirs, d’instants magiques pour ne pas oublier.

Un premier roman plein de finesse, d’émotions et d’éclats de rire aussi.

“A l’enterrement d’une feuille morte, cinq escargots s’en vont. Ils ont la coquille noire, du crêpe autour des cornes, ils s’en vont dans le noir, un très beau soir d’automne.”

Avant que j’oublie d’Anne Pauly, Editions Verdier, 138 pages.