Catherine Meurisse
La légèreté

Catherine Meurisse est une rescapée des attentats perpétrés contre le journal Charlie Hebdo le 7 janvier 2015. Une séparation douloureuse, une nuit agitée, un bus raté sont à l’origine d’un étrange concours de circonstances qui fait arriver Catherine en retard sur le lieu du drame. Luz est en retard lui aussi, un gâteau à la main. C’est son anniversaire ce jour là. Tout va très vite. Il faut trouver un abri. Les émotions se bousculent douloureusement. Il y a l’effroi, la stupeur, la prostration puis viennent le traumatisme et la dissociation.

Catherine est anéantie, son cerveau se déconnecte. Elle ne comprend pas par cet engouement et ce soutien soudain pour Charlie. Elle perd la mémoire. Elle erre dans ces souvenirs. Elle fait des cauchemars encore et encore. Sous garde rapprochée, elle se sent en prison, privé de liberté.

Des amis prennent soin d’elle et tentent de l’extirper de ce quotidien qui l’oppresse. Accompagnée et seule également, Catherine va essayer de retrouver un sens à sa vie.

“Déplumée et les semelles en plomb, je me sens incapable de m’élever. Qu’est-ce qui peut m’aider à me sentir, aimer, vivre, dessiner de nouveau. Qui peut me sauver ?”

La première chose qui lui vient à l’esprit est la beauté. “J’ai vu un ciel faire pleuvoir de l’or sur l’horizon irisé”. Elle souhaite, comme Stendhal, que la beauté la submerge entièrement, la laissant proche de l’évanouissement et tel un cataclysme balaie son traumatisme. Elle scrute le moindre signe, attends désespérément.

Puis des sensations reviennent face à beauté, progressivement…

Je crois avoir commencé par aimer la femme avant son oeuvre. Je l’ai beaucoup écouté avant de la lire. Ces mots sont forts, précieux et sonnent si bien à mon oreille. Dans cette BD, Catherine Meurisse est bouleversante, mais elle aussi drôle, poétique, fragile et forte à la fois. Ce récit est très intime et émouvant. On en ressort chamboulé et plus grand.

La légèreté de Catherine Meurisse, aux Editions Dargaud, 133 pages.