Claire Berest
Rien n’est noir

Sélection Grand Prix des Lectrices ELLE 2020 – jury de décembre.

Frida est un personnage haut en couleurs. Brisée par un accident, elle renaît doucement par la peinture. Et l’amour. Frida convoite Diego, lui tourne autour, le séduit, se l’approprie. Enfin pas tout à fait. Diego est grand, bedonnant, et irrésistible. Il est le peintre le plus célèbre du Mexique, un militant communiste désavoué, un « électron libre » insaisissable, « un crapaud insatiable ». Coureur de jupons invétéré, il aime Frida mais il entend continuer à vivre sa vie librement. Frida l’adore, le hait aussi parfois et ne peut vivre sans lui. « Diego commencement Diego constructeur Diego mon enfant Diego mon fiancé Diego peintre Diego mon amant Diego « mon mari » Diego mon ami Diego ma mère Diego mon père Diego mon fils Diego=Moi= Diego l’Univers ». Frida souffre de par son corps, Diego, la vie, les hommes et peint toujours et encore. « Heute ist immer notch. Aujourd’hui, c’est encore toujours. »

Est ce tant par ses personnages que ce livre est attrayant, que par l’écriture qui les rend tellement vivants ? Les couleurs entremêlées racontent ici une histoire fantasque, délirante et attachante. Frida est décrite comme prise dans un tourbillon de mondanités, d’excentricité, de passion. Sans la connaître, on partage ses émotions, on essuie ses larmes, on la console tant elle paraît fragile, on l’admire tant elle paraît forte. Je ne savais rien de Frida Kahlo ou si peu de choses. Ce livre m’a beaucoup appris et transmis aussi les couleurs de la vie de Frida. D’une façon décousue parfois, ou plus fluide d’autre fois. Un peu comme une météo capricieuse. Je regrette une seule chose : des images de ces tableaux que j’ai cherchées régulièrement au cours de ma lecture. C’est un livre bleu, jaune, « rouge aux éclats de lumière, violent, strident ».

Rien n’est noir de Claire Berest, Editions Stock, 250 pages.