Sélection Grand Prix des Lectrices ELLE 2020 – jury de janvier.

Inspirée visiblement d’une histoire vraie, Edna 0’Brien se glisse ici dans la peau d’une jeune adolescente nigérienne. Elle raconte comment après avoir été enlevée par une faction Djihadiste, sa vie bascule dans l’horreur et la noirceur. Après l’enlèvement, les jeunes écolières retrouvent d’autres femmes dans un camp. Initiées à la rigueur, et à la religion, elles sont sous le joug de la terreur. Avilies et souvent violées aussi. L’horreur n’a pas de nom. L’espoir n’a pas d’horizon. L’héroïne de ce roman est mariée à un Djihadiste, un homme pas si méchant que ça finalement, torturé, englué dans cet univers glauque et poisseux. Puis un jour quand le camp est attaqué, c’est l’opportunité d’un nouveau départ dans la fuite pour Maryam, son bébé « Babby » et son amie Buki. Il faut marcher longtemps, aller le plus loin possible, survivre. Dans la forêt, les conditions de vie sont difficiles, la faim et la peur accaparent beaucoup les esprits. Contrariées, les filles se disputent souvent. Et quand Buki se fait mordre par un serpent, Maryam doit trouver de l’énergie pour aller de l’avant avec Babby. « Buki, je n’arrive pas à creuser plus profond. Je mets des feuilles autour de sa taille, comme c’était la coutume il y a longtemps, et j’ai regardé pour la dernière fois son corps émacié, sombre, doré ». Maryam va trouver un peu de répit avec un groupe de femmes qui l’accueilleront chaleureusement pendant un temps. Puis Maryam va retrouver les siens. Mais sa peau est souillée à jamais, son aura aussi sans doute. Babby est presque vue comme un monstre. Le jugement des proches est terrible. Elle devra fuir encore pour renaître ailleurs et offrir une vie meilleure à Babby.

L’horreur est ici omniprésente, l’atmosphère terriblement pesante, lourde et tout le temps inquiétante. Tout ça revêt un aspect irréel pour nous et nos petites vies confortables. Une sorte de témoignage, de cri dans la nuit, une demande d’attention, un appel au secours. C’est un peu tout ça à la fois. Un bouleversement sans doute mais je me demande quand même si il n’y a pas moyen de crier encore plus fort.

Girl d’Edna O’Brien, Editions Sabine Wespieser, 250 pages.