Sélection Grand Prix des Lectrices ELLE 2020 – jury d’avril.
Hugo Boris nous livre ici une succession d’images de la vie ordinaire dans le métro et dans le RER. A l’image des brèves de comptoir, on ouvre les yeux ici sur nos voisins et voisines de transports en commun. On débranche les écouteurs, on tente un regard au dessus des pages de son livre, on voit parfois la violence, le désoeuvrement, l’indifférence, la nonchalance, les gestes d’affection, la fatigue. Parfois on ne voit rien, isolé dans un monde à part, enrobé de musique, d’émissions enregistrées ou d’autres artifices. Parfois, une personne se lève, intervient, prend parti : le courage des autres éblouit par son audace et sa pugnacité. Ce n’est pas une question d’âge, de sexe, d’intérêt, d’origine, il s’agit bel et bien du courage, le vrai, le beau, le grand. Le courage de dire haut et fort qu’une situation n’est pas juste, qu’on se doit d’être meilleur, respectueux les uns envers les autres. C’est aussi une leçon de vie, dans laquelle la force des autres devient communicative, nous transforme, nous fait réagir, nous fait pardonner ou mieux comprendre. « – Qu’est ce qui vous prend ? demande l’un des flics. L’homme répond d’une voix sourde, dans un effort sidérant de sincérité : – Pardon, j’ai été triste toute la journée. ». A l’image de l’auteur finalement, on pourrait tous devenir de super-héroïnes et super-héros du quotidien.
« Quinze ans que je consigne dans le métro en quelques lignes, sur le vif, les cadeau du hasard, le ravissement d’une scène, d’une rencontre, le saisissement d’un mot lu ou entendu. Quinze ans que j’herborise dans les transports en communs. » Un herbier saisissant.
Le courage des autres de Hugo Boris, Editions Grasset, 180 pages.