Suite à une série d’évènements tragiques, Nell et Eva se retrouvent seules dans leur maison au cœur de la forêt. Tout commence avec quelques coupures d’électricité anodines, puis progressivement tout s’arrête de fonctionner normalement. ” Elle avait pris l’habitude de se mettre à danser dès que les lumières clignotaient. Même s’il était minuit, même si elle avait juste fini de manger ou prenait un bain, lorsque l’électricité revenait, elle se levait d’un bond, courait à son studio, mettait la musique et dansait. ” L’essence devient rare, les ravitaillements difficiles, le chaos s’installe doucement. ” Nous avons balayé du regard la cour de récréation et le terrain de sport désert. Une corde pendait sinistrement de la cage à poule, et les chaînes qui retenaient autrefois les sièges des balançoires oscillaient dans le vide. ” Coupées du monde, elles doivent apprendre à vivre en autonomie, dans un huit clos parfois étouffant. C’est un véritable parcours initiatique ponctué de moments d’égarement, d’hésitations et de coups durs. Elles devront faire des choix, trouver de quoi survivre en elle et en puisant dans les ressources de la nature. Dans leur environnement immédiat, la forêt est bien présente, comme une sorte d’ange gardien, de cocon qui les enveloppe. Et pourtant, les menaces guettent de ci de là.
Dans une ambiance de fin du monde, on prend ici des bouffées d’envie de vivre, de danser, de lire et d’apprendre encore et encore à se surpasser. On grandit avec elles dans ce microcosme un peu magique et aussi un peu étroit. On rêve de cette façon d’être autonome, en oubliant peut être le poids de la solitude. ” Depuis que tout ça a commencé, nous avons attendu comme de stupides princesses que nos vies légitimes nous soient rendues. Mais nous n’avons fait que nous berner nous mêmes, que jouer un autre conte de fées. ”
Dans la forêt de Jean Hegland, Editions Gallemeister, 308 pages.