Mattias Edvardsson
Une famille presque normale

Sélection Grand Prix des Lectrices ELLE 2020 – jury de janvier.

Stella est issue d’une famille relativement aisée, dont le quotidien est ancré dans une petite routine rassurante. Et pourtant depuis son plus jeune âge, Stella a toujours été en dehors « du moule ». Vindicative, parfois violente, Stella a un fort caractère. Et surtout elle sait mentir brillamment. « L’expérience m’a appris que le mensonge est un art que certains maîtrisent et d’autres pas du tout ». Un don assez pratique pour protéger son intimité et quelques bêtises liées à l’enfance et l’adolescence, mais est-il vraiment utile d’en user en toutes circonstances ? Quand un beau jour Stella est accusé de meurtre, ses parents Adam et Ulrika Sandell tombent de haut. Adam est un pasteur apprécié qui a rencontré Dieu assez tardivement, et qui se demande maintenant où il a bien pu faillir. Lui pourtant qui a veillé à ce que Stella ne sorte pas du droit chemin. Souvent préoccupé, il a été sans doute un brin trop inquisiteur et pourtant parfois pas assez investi. Ulrika, elle aussi, culpabilise. Elle a souvent trouvé refuge dans le travail, et finalement a-t elle pu être là quand sa fille en avait vraiment besoin ? « Je n’ai jamais été à la hauteur, a-t-elle lâché, presque en murmurant. Je ne suis pas une bonne mère. » En fait nul n’est infaillible ou parfait, et tout est beaucoup plus compliqué que ça dans la vie, en général.

On suit ici un récit à trois voix, et de façon intéressante, on s’aperçoit que la perception d’un même événement peut être vraiment différente d’une personne à l’autre. Chacun a ses forces et ses faiblesses, ses inconsistances parfois aussi. Et si on passe à côté de certaines choses, les conséquences peuvent être parfois dramatiques. Le ton est juste, et le dénouement se laisse attendre assez habilement. Toutefois, le récit est bien long, et il semble que l’histoire aurait pu être plus concise et de fait encore plus captivante.

Une famille presque normale de Mattias Edvardsson, Editions Sonatine, 528 pages.