Al et Trig n’ont plus de nouvelles de leur père depuis longtemps. Quand un jour il leur propose une expédition en canoë sur des lacs au Canada, ils décident de partir à l’aventure malgré quelques hésitations. Mais d’emblée tout ne se passe pas comme prévu. Bill qui a l’habitude d’être très organisé, n’a pas tous ses bagages ni son équipement. Une fois sur place, ils se rendent compte que l’itinéraire suivi en canoë est quelque peu aléatoire. De surcroît, Bill ne semble pas particulièrement tracassé par l’automne qui arrive et qui pourrait rendre difficile leur expédition. Malgré tout, c’est pour eux l’occasion de retrouver la complicité de leur enfance et de profiter d’être réunis. Des rituels s’installent en écho à ceux mis en place quelques années auparavant. Des souvenirs refont surface. L’incompréhension surgit, la douleur aussi. Un beau matin, il faut bien se rendre à l’évidence : le froid progresse, pour survivre il va falloir faire marche arrière.
On plonge au coeur d’une histoire de famille avec ses hauts et ses bas, les connivences et les différences, les errances de la vie et les secrets qui ne laissent pas indemnes. Il y a aussi l’immensité, les lacs à perte de vue, le froid qui arrive et qui change le décor de façon un peu magique et troublante. Et ce retour à la nature bienfaisant au départ devient alors un périple haletant dans un environnement éprouvant.
Les propos sont durs, et pourtant ce roman prend aux tripes avec plein de subtilité et de douceur.
Le Lac de nulle part de Pete Fromm, Editions Gallmeister, 448 pages.