Santiago H. Amigorena
Le ghetto intérieur

Sélection Grand Prix des Lectrices ELLE 2020 – jury d’octobre.

Vicente vit en Argentine depuis 1928. Il a une femme Rosita, et trois jeunes enfants. Il s’occupe d’un magasin de meubles et rejoint régulièrement ses amis au café pour parler de la vie, pour jouer aussi. Mais plus encore Vicente est juif. Et quand la seconde guerre mondiale éclate, sa vie est bouleversée. Il a laissé à Varsovie sa mère et son frère confrontés à la promiscuité, au dénuement, aux maladies et à l’horreur de cette guerre. L’effroi et la culpabilité le rendent alors prisonnier d’un silence impénétrable. «  Il voulait parler, mais, prisonnier du ghetto de son silence, il ne pouvait pas parler. Il ne savait plus. »

C’est histoire d’un silence colossal, intense et bouleversant. Une histoire personnelle pour un drame universel. Une descente dans les profondeurs de l’âme assez vertigineuse mais tellement tangible. L’auteur nous amène habilement ici à nous questionner : comment parler de cette guerre, comment parler du génocide, comment vivre avec ? Peut-être parfois il n’y a pas de mot approprié pour relater la souffrance, pour exprimer l’indicible. Bref j’ai beaucoup aimé.

Le ghetto intérieur de Santiago H. Amigorena, Editions P.o.l., 192 pages.