Magnifique Betty. Petite indienne à la peau sombre et aux cheveux d’ébène. Tu étincelles de mille feux malgré la noirceur et la folie qui tourbillonne autour de toi.

Tout commence, comme souvent par hasard, par une rencontre entre une “drôle de fille” et un “homme aux champignons”. Incongruité de la situation, la magie opère sous la pluie à l’abri d’une courtepointe. “Mes parents se sont rencontrés dans un cimetière, à Joyjug, dans l’Ohio, par une journée dédiée aux nuages.” La famille grandit et se pose de ci de là, jamais trop longtemps au même endroit. Car si la mère de Betty est blanche, son père est Cherokee. Et les gens ne sont pas tendres avec eux. Puis, lassés par tant d’errance, ils retournent dans l’Ohio et s’installent dans une maison abandonnée et soi-disant maudite (mais les démons ne sont pas toujours là où on pense). C’est là que Betty va grandir, apprendre les choses de la vie, se connecter à la terre. C’est là aussi qu’elle va vivre des moments forts et extraordinaires, découvrir les talents et les mondes imaginaires (pas toujours féeriques) de ses soeurs et frères.

Elle va aussi se rapprocher de sa mère – si belle, si souvent absente et torturée – et mieux comprendre d’où vient sa folie.  “J’aurai pu l’emmener à notre Bout du Monde. Peut-être y aurions-nous partagé des secrets.”

Son père est un magicien, un Cherokee, un raconteur d’histoires et de rêves qui rend sa vie plus douce malgré les tourments.  “La terre a posé son sceau sur mon âme. Sur ma peau. Sur mes cheveux. Sur mes yeux. C’est lui qui a donné toutes ces choses.” Il fait d’elle une princesse, une femme forte digne de ses ancêtres Cherokee.

Dans ton monde, Betty, loin des démons, de la mort, de la tristesse, il y a  “des citrons accrochés aux érables, aux chênes, aux platanes, aux ormes, aux noyers et aux pins”.

Un roman magnifique de Tiffany McDaniel dont on ressort à la fois enchanté et bouleversé.

Betty, Petite Indienne,  tu vas tellement me manquer.