Sélection Grand Prix des Lectrices ELLE 2020 – jury de mars.
Vanessa Springora relate l’histoire de sa rencontre avec G. Elle a alors 13 ans et lui 50 ans. Une histoire d’amour ? D’affinités ? D’abus de confiance ? Vanessa grandit avec sa mère, son père étant absent et inconséquent. Elle se sens délaissée, et souffre d’un manque affectif. Lors d’une soirée festive, G. la regarde, lui sourit, la met sur un piédestal. Et la voilà piégée, comme envoûtée par cet homme, un écrivain de renom, charismatique et attachant. Elle se livre alors à lui toute entière, elle devient sa proie, son objet sexuel. D’abord séduite et conquise, elle réalise qu’elle n’est pas la seule et que G est un terrible prédateur. Face à une société complaisante et une mère laxiste, elle doit seule se sortir de là et tenter de vivre autrement.
Vanessa Springora livre ici un témoignage bouleversant, et pourtant peut être trop factuel à mon goût. Les faits sont si révoltants et douloureux, qu’on imagine ce livre comme un exhutoire à sa colère. Toutefois les mots sont encore trop distants, trop froids pour délivrer cette douleur et exprimer l’indicible. Finalement le but de ce récit n’est peut être pas tant d’épancher l’âme que de montrer du doigt un monstre, de dénoncer une société/une époque complaisante, des parents absents ou défaillants. Prendre la parole c’est déjà un pas énorme et la transmission devient indispensable. Même si les mentalités évoluent, Vanessa Springora nous incite ainsi à être plus attentif, plus investi, plus protecteur envers nos enfants et surtout pas complaisant devant la perversité et l’atrocité.
Le consentement de Vanessa Springora, Editions Grasset, 216 pages.