Quand sa femme le quitte, Adem perd pied et s’égare. Il ne comprend pas ce qui lui arrive. Il est perdu, seul et ne trouve plus de sens à sa vie. Plus moyen d’enseigner, de rester entre ces murs qui l’oppresse. Il doit fuir les lieux du délit. Alors il quitte tout, un baluchon sur le bras.
“Si ton monde te déçoit sache
Qu’il y en a d’autres dans la vie
Sèche la mer et marche
Sur le sel de tous les oublis
Sèche la mer et marche
Ne t’arrête surtout pas
Et confie ce que tu cherches
A la foulée de tes pas”
Adem chemine de ci de là, noie son chagrin dans l’alcool, fait de mauvaises rencontres et néglige les mains qui se tendent. Malgré la générosité et bienveillance de certains compagnons de chemin, malgré plus d’une fois la possibilité d’un nouveau départ, Adem reste accaparé par son désarroi et emmuré dans sa peine. Quand un beau jour il rencontre Hadda, une lueur apparaît dans son esprit morose.
Yasmina Khadra nous amène au plus profond de l’âme flirter avec la folie. Le mal-être dégouline. Le désespoir est omniprésent. On sent l’amertume, la boule dans le ventre, l’agressivité qui déborde. Un roman troublant et envoûtant. Des mots si beaux et captivants qui restent longtemps dans la tête.
“Lorsqu’il ne restera pas une goutte d’eau au fond des abysses, lorsqu’il y aura que des rochers embrumés au milieu du corail et du sable brûlant, lorsque tout sera blanc devant nous, nous retrousserons nos pantalons par dessus nos genoux et nous marcherons sur le sel de tous les oublis jusqu’au bout de toute chose en ce monde.”
Le sel de tous les oublis de Yasmina Khadra, Editions Julliard, 256 pages.